La fracture ruraux/urbains n’a jamais été aussi nette.
Je vais me faire haïr en disant ça sur le fédi, mais la ruralité, c’est uen grande oubliée de la gauche, et un des territoires où l’Église a encore un énorme poids, ne serait-ce que par son réseau d’école privées.
Je dis pas qu’il faut rentrer dans les délires homophobes et productivistes de l’agriculteur de droite pour se faire élire là bas. Mais parler plus des paysans qui meurent soit de cancer soit de suicide, n’arrivent pas à gagner un smic malgré la valeur de leur terre (le paysan vit pauvre et meure riche). Ces communes où il n’y a presque pas d’accès à la culture ni aux services publics qui ont l’impression de voir l’état jeter leurs impôts dans les banlieues sans que ça leur revienne. Qui voient la gauche préférer les sujets sociétaux à l’augmentation du smic et la ré-ouverture de la voie ferrée.
Je vis au milieu d’une tâche brune sur cette carte. Et si je suis d’accord pour dire que la gauche oublie complètement la ruralité, je voudrais faire respectueusement remarquer que la plupart de tes remarques sont à coté de la plaque aussi:
l’Église a encore un énorme poids
La religiosité est maintenant moins importante à la campagne qu’en ville.
parler plus des paysans
La campagne c’est pas que des paysans. Les agriculteurs représentent une minorité de la population à la campagne aussi. Ils sont forcément plus nombreux qu’en ville, mais ne pensez pas qu’une politique rurale et une politique paysanne, c’est la même chose.
Ces communes où il n’y a presque pas d’accès à la culture ni aux services publics
Il y a, si. À l’échelle, et on doit faire quelques kilomètres en plus, mais les petites villes ont des scènes culturelles aussi.
la ré-ouverture de la voie ferrée.
Bah en fait la voie ferrée c’est utile surtout pour les gens qui soit vont travailler en ville. La fracture ruralité/urbanisme je trouve se voit énormément dans les discours sur les transports en commun, le vélo, la voiture. La campagne est pleine d’écolos. Je veux dire, la nature est pas une abstraction, et pour la plupart on aime vivre à la campagne à portée de la nature (pas au milieu hein: une prairie ou un champ ça reste une terre artificialisée) et on souhaite la préserver. Par contre venir nous dire que la voiture personnelle c’est le mal sans comprendre que les équations sont très différentes ici, ça montre une énorme déconnexion. En ville j’avais pas de voiture, c’est une aberration. Ici, tu peux rien faire sans. Et je suis entourés d’écolos fans de vélo et de cheval. Y en a pas un qui arrive à se passer de voiture. Certains sont passés à l’électrique, qui fait sens écologiquement, contrairement à ce qu’on entend les “écolos” dire, en opposition aux conclusions du GIEC.
C’est ce que je me disais en voyant tous les visuels qui sortent pour convaincre les gens de ne pas voter RN, je n’en ai vu aucune qui s’adresse à la ruralité, aux agriculteurs.
La ruralité, c’est pas que les agriculteurs. Et celui que j’ai fait qui parle entre autre de déserts médicaux et de SMIC à 1500€, ça parle à la ruralité aussi.
La ruralité, c’est pas que les agriculteurs
C’est pour ça que j’ai précisé. Et tu parles de culture dans ton autre com, chez moi il n’y a vraiment rien à part des concerts genre “Machin chante Sardou”, c’est vraiment le vide.
Après, je suis actif au sein d’une assoce, je vois passer plein de trucs. Les médiathèques locales font plein de chose, la salle de ciné locale héberge aussi du théatre et des films d’auteur. Je suis peut être dans une campagne exceptionnelle, mais ces choses là sont possibles.
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C’est ce que je viens de lire en cherchant aussi à comprendre le pourquoi. Je suis tombée sur cet article publié fin 2023.
https://theconversation.com/comment-le-ressentiment-nourrit-le-vote-rn-dans-les-zones-rurales-213110
Si je comprends bien l’article, c’est surtout le fait qu’ils se sentent abandonnés, détestés et non représentés par la classe politique sauf extrême-droite.
Je me demande si la solution est à trouver dans les idées et les programmes plutôt que dans les personnes. Le RN a l’air de prendre des locaux et des ruraux plus que les autres partis. Peut être qu’il suffirait de chopper des candidats ruraux au PS, à LFI, à EELV pour qu’on se sente représenté.
Petite anecdote, à un moment j’ai tenté de me réconcilier avec EELV, j’ai écouté un discours d’une candidate qui présentait comme une rencontre quasiment mystique le fait d’avoir vu une biche un jour. Je sais pas si vous vous rendez compte de l’effet que ça fait pour un rural. Imaginez que dans un discours politique je présente comme une nouveauté et une révolution d’avoir pris le métro. Tu sais qu’on ne vit pas dans le même monde.
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Ce qui me rend fou c’est que les thèmes de gauche classiques qui concernent la province, y en a plein: services publics, éducation, déserts médicaux… Mais il y a avec raison je pense, une impression que les cadres de gauche sont tous citadins et que personne n’a une vraie expérience de la ruralité.
Oui mais à côté je me dis que ce sont toujours des sujets boudés dans les médias et les débats, du coup la gauche n’a pas la visibilité quelle mérite parce que les ruraux n’entendent parler que de leurs combats pour les citadins
Aux dernières législatives dans mon bled la candidate NUPES(EELV) a fait une campagne nulle où elle ne parlait que dans les préfectures / sous préfectures, elle a fini à la quatrième place je crois (bon il y a aussi une surreprésentation du parti rural de Lassalle, ce qui est compréhensible et m’amuse toujours, il a fait 10% aux européennes sur mon village)
Faut voir comment le pouvoir se distribue dans les ruralités aussi avec des notabilités limites féodales. LFI peut apparaître comme avec un logiciel politique communautaire et drague ouvertement des cibles via le travail médiatique sur certaines thématiques, c’est justement nourrir la rhétorique réac que de lui opposer cette configuration. Effectivement l’exemple de Gaza est éloquent à ce niveau.
C’est là où le PCF a perdu beaucoup historiquement, c’est aussi là où des élus cherchent à faire du travail de fond, que ce soit des sujets locaux comme telle usine qui ferment, la question des travailleurs saisonniers, des métiers du Care qui sont les derniers disponibles pour les femmes d’un certain âge sans diplômes. Il y a aussi des conflits au niveau du milieu paysan, si on prend la question des bergers par ex éventuellement en contradiction avec les éleveurs, des conflits entre producteurs, coopératives au forceps et transformateurs (sans compter distributeurs). On est plutôt loin d’une simple confrontation citadin / rural en écolo quand ton cours d’eau est pollué par X entreprises / activités et que ça a des conséquences sur le reste.
C’est un truc qui revient souvent ça, dans mon entourage, les personnes qui habitent dans les zones rurales sortent souvent des trucs style “ils oublient que c’est pas Paris ici”.
Dans le sens où pour une personne qui doit faire 60 bornes et deux mois d’attente pour un médecin ou une autre qui doit utiliser sa bagnole pour le moindre truc et qui vit le prix de l’essence exploser, des sujets comme les libertés LGBT+, la Palestine etc. c’est vraiment pas la priorité.
Et ça c’est pas souvent abordé par les partis de gauche en visibilité, et malheureusement c’est abordé par l’extrême droite. Évidemment ils ont des réponses toutes faites et ne feront rien au mieux ou aggraver les choses au pire, mais ils communiquent dessus.Ce graphe confirme que l’ile de France c’est un peu l’hemoroide de l’hexagone.